Dry January ou... consommation responsable ?
Publié par Frédéric Moutte le
A l’heure de la bien-pensance, du politiquement correct et du ‘Dry January’, il est de bon ton de se poser la question sur notre rapport à notre consommation d’alcool et plus précisément de celle de vin. Pourquoi une séparation franche entre celui-ci et les autres boissons alcoolisées ? Parce que le vin est le seul à proposer, dans sa composition, des produits vertueux pour la santé.
Nous savons tous et encore plus nous, professionnels de l’œnologie, qu’une consommation responsable et modérée doit être prônée car scientifiquement, nous connaissons les conséquences de l’alcool sur notre organisme. Le principe de ne pas dépasser, en consommation lissée, un verre de vin par jour est fondamental pour notre santé. Ce principe permet de s’affranchir de ses effets délétères et de profiter de molécules anti-radicaux libres telles que le resvératrol1 (que l’on retrouve dans de nombreuses formulations pharmaceutiques) qui a des propriétés cardioprotectrices, neuroprotectrices et anticancéreuses.
A quoi peut bien servir le ‘Dry January’ si la consommation des 11 mois suivants ne rentre pas dans les critères définis ci-dessus ? Elle va, malheureusement, dans le sens des organismes de lutte et de prévention contre l’alcoolisme et les addictologies. Leur philosophie dogmatique pourrait se résumer en une phrase : "Un seul verre de vin voire une seule goutte de vin mène aux cancers, maladies cardio-vasculaires etc… ! " Comme dans tous les domaines, ce genre de propos extrémistes ne peut conduire à rien de bon. Leur principale erreur est de partir en croisade contre le vin en le mettant au même niveau que les alcools forts. Dopés par des dizaines de millions d’euros de subventions publiques, ces acteurs du lobby sanitaire (Anpaa, Inpes, Mildeca…), ont œuvré, depuis des années, pour l’interdiction de la publicité sur le vin, par le biais de la loi Evin. Si bien que l’on ne peut quasiment plus parler ni de vin ni de dégustation à la télévision ! Et, aujourd’hui, ils voudraient, s’ils le pouvaient, en faire interdire purement et simplement la consommation !
Je peux citer un élément factuel qui va à l’encontre de tels discours : le nombre de centenaires (ils sont de plus en plus nombreux à pouvoir témoigner !) ayant bu ou buvant encore un verre de vin par repas ! Enfin, des personnalités du milieu médical, je citerai l’une des plus éminentes, le Professeur David Khayat2, chef du service d’oncologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, qui jette aux orties ce radicalisme et vante, même en public, les vertus du vin !
Cette consommation responsable, nous ne l’obtiendrons pas par des ‘Dry January’ ou par des propos alarmants mais en éduquant et en expliquant ce que sont : le vin, ses terroirs, son histoire, l’apprentissage de la dégustation analytique, les différents métiers de toute la filière etc… Je suis convaincu qu’une meilleure compréhension de la dégustation par l’identification des arômes, des saveurs, des caractéristiques tactiles des vins, appelle à une consommation responsable et constitue le meilleur rempart contre l’alcoolisme. Donnant moi-même des cours au sein de clubs œnologiques de Grandes Ecoles (Polytechnique, Ponts et Chaussées, Mines, ESSEC, EDHEC, etc…) je me réjouis d’une approche plus culturelle du vin par des jeunes dont on déplore, pour nombre d’entre eux, les excès en la matière (binge drinking, bière-pong etc…). Issu moi-même d’une Grande Ecole, je les félicite de la création de ces clubs qui n’existaient pas en des temps jadis auquel mon être fossile appartient désormais…
La consommation d’alcool en France a diminué de moitié depuis l’après-guerre. Nous buvons moins mais nous consommons mieux. Je peux en témoigner dans le cadre de mes prestations : comprendre davantage ce que nous goûtons est synonyme d’une meilleure appréciation et amène à plus de responsabilité pour sa propre santé.
1Jean-Yves Nau A la recherche des vertus du resvératrol
Partager ce message
- 0 commentaires
- Balises: dégustation, dry january, khayat, pedagogie, resveratrol